Entretien avec le réalisateur Keyvan Sheikhaslishani
Keyvan Sheikhaslishani est un jeune réalisateur français qui en est déjà à son troisième court-métrage avec Divertimento. Tourné exclusivement en anglais avec des acteurs américains tels que Kellan Lutz et Torrey DeVitto, c’est à cette occasion que nous l’avons interrogé sur son parcours et ses projets.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir réalisateur ?
C’était un processus très long qui a commencé quand j’étais tout petit, j’étais déjà fasciné par les films et les séries que je voyais à ce moment-là, et qui a abouti dix ans après, quand j’avais 13 ans lorsque j’ai commencé à faire des films amateurs. Je crois que depuis tout petit je voulais raconter des histoires, mais je n’avais jamais vraiment trouvé le support ou le format qui me convenait le mieux, jusqu’à ce que je prenne conscience que le cinéma était comme une évidence pour moi.
Quel est votre parcours ? Quelles études avez-vous fait pour devenir réalisateur ?
J’ai étudié trois ans à l’université jusqu’à l’année dernière mais c’était uniquement de la recherche théorique. En fait, je n’ai jamais étudié pour devenir réalisateur. J’ai commencé par mes films amateurs, et puis un jour je me suis dit que ce serait cool de faire un “vrai” film avec de vrais acteurs et une vraie équipe. Je me souviens quand j’avais 17 ans que je voulais transformer Vesper en premier court-métrage professionnel et c’est là où j’ai appelé Götz Otto, que je connaissais comme le méchant du James Bond Demain ne meurt jamais.
Comment est né le projet Divertimento ?
Peu après Vesper je voulais faire Divertimento mais le projet était trop immense pour passer de l’un à l’autre, en attendant j’ai donc voulu faire un deuxième court-métrage Nox. Pour Divertimento d’abord, je voulais faire un film à propos d’un jeu, un peu en hommage à The Game de Fincher, puis j’ai eu l’idée d’associer des pièces d’échecs aux personnages et pour rendre le film original, j’ai eu l’idée d’une nouvelle perspective qui émerge à la fin du film et qui donne un aspect conte ou légende fantastique au film. Sur la forme, je voulais aussi dépasser les limites habituelles du court-métrage et tenter de produire le même schéma des machines hollywoodiennes.
Pourquoi avoir fait le choix de tourner en anglais ?
Principalement parce que je souhaitais travailler avec des acteurs américains, sans langue anglaise Kellan Lutz et Torrey DeVitto n’auraient pas pu jouer dans le film par exemple. Et puis je souhaitais me rendre crédible vis-à-vis du cinéma américain. L’avantage d’un film américain est principalement de travailler avec des acteurs que tout le monde connait et dont tout le monde rêve, et puis un film américain se double dans les autres pays.
Divertimento est votre troisième film, vous avez également réalisé Vesper et Nox. Qu’avez-vous appris sur le cinéma et plus particulièrement sur le métier de réalisateur en travaillant sur ces projets ?
La première chose que j’ai apprise, je crois que c’est la collaboration ou la recherche du compromis pour rendre le film meilleur. J’ai toujours une idée très précise du film avec des intentions fixes et nettes, mais je trouve intéressant de considérer l’avis des autres, et le compromis rend parfois les choses meilleures encore. Mais bien sûr j’ai appris tellement d’autres choses que je pourrais vous en faire un livre !
Quels thèmes vous inspirent en tant que créateur ?
Je crois que c’est toujours important de considérer le spectateur et de le laisser faire sa part de travail en lui proposant une histoire mystérieuse, qu’il peut déchiffrer lui-même. J’essaie de proposer quelque chose qui est divertissant mais qui demande à la fois un peu de réflexion. J’aime les personnages qui ont déjà du vécu, entre la trentaine et la cinquantaine et les histoires de suspense, alors j’aime tout ce qui s’y attache, les histoires de trahison, de vengeance, de meurtre, de culpabilité, de regret, bref tout ce qui permet de créer du suspense et une profondeur psychologique !
Quels sont vos projets à venir ?
J’aimerais bientôt faire un long-métrage, pourquoi pas aux États-Unis, j’étudie cette possibilité en ce moment.
Entretien réalisé par Nathalie Coste
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